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L'histoire

Colony met l’immobilier au menu de Buffalo Grill 24.02.09

En trois ans de collaboration avec Buffalo Grill, Colony Capital a su valoriser un
groupe en s’appuyant notamment sur son expertise immobilière sans négliger l’amélioration opérationnelle.
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L’est à la suite d’un périple à travers l’Ouest américain que Christian Picart rapporte dans sa valise le concept du « Steak House », restaurant spécialiste de la grillade. Dès 1980, le réseau se développe pour compter une quarantaine de restaurants en 1990. Une tempête médiatique et judiciaire en 2002, sur fonds de psychose de la vache folle, crée un traumatisme important qu’elle saura dépasser pour retrouver le chemin de la croissance dès 2004, après une baisse drastique des résultats. Le groupe ressort inévitablement changé de cette expérience qui s’est révélée riche d’enseignements. Alors que son fondateur prônait la « publicité dans l’assiette », la direction animée par Erich Haramsymczuk est désormais plus attentive à une meilleure communication. Avec 287 restaurants dont huit en Espagne et un chiffre d'affaires de 267 millions d'euros en 2004, l'enseigne Buffalo Grill est le leader français de la restauration thématique. À 67 ans, Christian Picart se trouvait sans successeur possible au sein de la famille. Une perspective de transmission, un patrimoine immobilier à exploiter. Deux ingrédients parfaits pour un acteur à double casquette comme Colony Capital. En Juillet 2005, le fonds piloté par Jean-Romain Lhomme et Sébastien Bazin entre au capital de Buffalo Grill et devient actionnaire majoritaire avec 75% des titres du groupe alors coté sur Eurolist C. Le prix offert valorise l’entreprise à 230 millions d’euros hors dette de 126 millions d’euros. Une offre publique de retrait est mise en oeuvre. Le projet est toutefois rejeté par l’AMF au printemps 2006, sous l’impulsion d’un actionnaire minoritaire. Qu’à cela ne tienne, les financiers restent sereins et ne tardent pas à se mettre à l’ouvrage.

Une vision plus financière
Une forte culture d’entreprise, un mélange de paternalisme et de promotion interne résume l’esprit du groupe de Christian Picart tel qu’il l’a cédé. Une vision du fondateur qui manque toutefois d’une approche plus financière et rationnelle. « Donner plus d’autonomie et d’objectivité dans les décisions était notre préoccupation première » explique Jean-Romain Lhomme qui prend la présidence du conseil de surveillance. C’est dans cette optique qu’il va s’entourer de profils à la fois opérationnelset sensibles aux arcanes du LBO. Jean-François Sautereau, ex-Sodexo et Générale de Santé et Jean-Louis Riallin, advisor chez Colony et chef d’entreprises sous LBO deviennent administrateur et vice-président. Côté directoire, Erich Harasymczuk assure l’exécution opérationnelle du business plan. Premier chantier, la construction d’une usine de production qui intègre la logistique et la découpe de la viande, « afin d’assurer la sécurité des flux ». Un capex important, préalablement mûri et identifié de concert entre l’actionnaire et le management, mais qui ne verra le jour qu’en 2008 après la sortie de Colony. S’ensuivra la mise en application d’un business model classique avec un programme d’ouvertures de 34 restaurants (900 emplois créés). Des discussions avec des partenaires étrangers sont lancées (Portugal, Pologne, Roumanie..). Mais la croissance internationale est jugée prématurée et laissée pour un futur repreneur. Et ça marche. Dès juillet 2006, le fonds a déjà réalisé son retour sur investissement. Ce qui n’empêche pas les investisseurs de rechercher les perspectives de croissance. Mais comment financer son expansion sans tirer sur le capital ? La solu-
Benjamin L'Hoir

Repères

1980 : ouverture du premier restaurant à Avrainville (Essonne)
1990 : 39 restaurants existants dont 11 en franchise
1994 : ouverture du 100ème restaurant Mulhouse
1999 : coté sur le second marché de la Bourse de Paris
1997 : première ouverture à l’international : Espagne (Madrid)
2004 : Erich Harasymczuk devient président du Directoire
2005 : acquisition par Colony Capital de 75% du capital
2006 : opération de sale & lease-back/vente des murs
2007 : retrait de la cote
2008 : cession à Abénex (>50%), iXen (20%), NI Partners (20%), Céréa Gestion.

Visions croisées

Jean-Romain Lhomme(J-R.L.), Managing Director Europe de Colony Capital et ancien Président du Conseil de Surveillance de Buffalo Grill et Erich Haramsymczuk (E.H.), ancien président du directoire, Buffalo Grill reviennent sur un partenariat réussi.
Comment vous êtes-vous choisis ?
J-R. L.
: S’il voulait passer la main depuis un certain temps, Christian Picart nous a d’abord approché avec l’intention de nous vendre le parc immobilier. Une transaction purement foncière ne nous intéressait pas en tant que fonds d’investissement. En six semaines, nous avons présenté notre projet de reprise de l’ensemble de l’entreprise, bouclé notre business plan, trouvé notre financement et signé un accord ferme. Erich Hamasymczuk était déjà président du directoire. C’est naturellement qu’une relation de travail s’est instaurée entre nous.
E. H. : L’univers du LBO et desfonds d’investissement, américains de surcroît, était a priori un peu abscons. Mais la conviction de Christian Picart nous a rassurés. Jean-Romain Lhomme et Sébastien Bazin ont été très clairs sur leur intention de poursuivre le développement du groupe.
Comment se sont passées vos trois années de vie commune ?
J-R. L. : En tant que présidents du conseil de surveillance et du directoire, notre lien a été tout de suite très fort et très fréquent. Nous avons noué une relation personnelle de confiance, dans un respect mutuel des compétences de chacun. Ce qui est passé par de nombreuses réunions pour d’un côté comprendre le business et de l’autre faire comprendre les nouvelles contraintes aussi bien bancaires que liées à un actionnariat plus institutionnel.
E. H. : Le maître mot de notre relation a été la confiance. En dehors des comités stratégiques mensuels, nous avions une interaction quasi quotidienne pour toutes les décisions stratégiques. Avoir un actionnaire financier nous a aussi permis de nous remettre en question.
Comment vous êtes-vous séparés ?
J-R. L. : Durant ces trois années, nous avons réalisé des opérations tructurelles qui ont nécessité une forte dose d’énergie et de temps. Restaient de nombreuses réalisations opérationnelles en chantier. Aurions-nous pris la décision de rester encore trois ans, les projets ne manquaient pas. La vente s’est donc faite en toute transparence. En amont des options formelles du processus de vente, nous avons ainsi autorisé les candidats à nouer des relations personnelles avec le management.
E. H. : Au-delà des performances financières, le bilan a été plus que positif en termes humains. Comme Klépierre, le choix de nos nouveaux actionnaires s’est fait d’abord dans un souci de respect de la forte culture d’entreprise attachée à Buffalo Grill et à ses collaborateurs, ce que Colony  très bien compris.

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