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De gauche à droite : William Rosier, vice-président de Reach Capital, Jean-Philippe Boige et William Barrett, cofondateurs
De gauche à droite : William Rosier, vice-président de Reach Capital, Jean-Philippe Boige et William Barrett, cofondateurs / D.R.

Jean-Philippe Boige : Nous avons aussi voulu analyser ce que j’appelle « l’anomalie heureuse » du rapport Tibi. Il fait réémerger en France une classe d’actifs qui existait bel et bien, le capital-développement, mais cette fois lui insuffle une vraie dynamique par rapport à d’autres marchés européens. Avec l’essor de la French Tech, la composante digitale et l’hypercroissance sont devenues prépondérantes et cela aboutit à l’émergence d’un nouveau segment. C’est aussi une anomalie dans le sens où des assureurs se mobilisent pour soutenir le growth alors que le « damage control » est fort sur l’ensemble des autres stratégies.
 
PEM : A l’arrivée, comment définissez-vous le growth ?
William Barrett : Si l’on part de la définition que donne le rapport Tibi, cette classe d’actifs recouvre des entreprises pas forcément rentables mais en très forte croissance, dans lesquelles des fonds investissent en minoritaire et sans levier, même si ce point fait l’objet de discussions actuellement. Cela exclut donc a priori et pour le moment le growth buyout et ressemble plus à du late stage venture, avec la difficulté supplémentaire de définir ce que signifie « late stage ». Pour nous, cela désigne tout ce qui suit la série A.

W.R. : Notons également que des fonds biotech ont été labellisés par la commission Tibi. Leur profil rendement-risque et leur duration sont pourtant très différents d’autres fonds growth. Ils sont intégrés pour prendre en compte leur composante technologique et viennent diversifier l’offre pour les LPs qui ne souhaitent pas être surexposés au digital.
 
PEM : Quelles incertitudes planent encore sur la montée en puissance de ce programme ?
W.B. : Pour être labellisé, un GP doit démontrer qu’il peut lever 1 milliard d’euros sur son premier fonds ou le suivant. Compte tenu de la taille du programme, cela aboutirait à une quinzaine de fonds d’1 milliard installés à Paris d’ici cinq ans. Mais est-ce qu’il existe un marché sous-jacent suffisant pour absorber tous ces capitaux disponibles ? Dans ce contexte, il y a un fort risque de concentration accrue sur les mêmes entreprises.

J.P. B. : Il nous semble qu’il y a également un risque pour l’early stage et l’amorçage, voire le capdev non technologique. Les assureurs, qui sont les principaux contributeurs au programme Tibi, vont être beaucoup sollicités dans le cadre du plan de relance post-Covid. Ils risquent de devoir faire des arbitrages dans leurs allocations. Cela dit, il ne faut pas non plus mésestimer l’impact que cette dynamique peut avoir sur des investisseurs qui ne font pas partie du comité et qui pourraient s’intéresser à la classe d’actifs. Nous ne sommes qu’au début du processus, il faut sans doute attendre quelques mois pour voir concrètement quels montants ont été mis au travail sur le growth.

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