Des figures du capital-investissement hexagonal se prêtent au jeu des prédictions pour les 20 prochaines années.
Alban Neveu, CEO d’Advention
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Dans 20 ans le private equity sera une méga-industrie qui pèsera une part significative du public market, il y aura moins de fonds, mais ceux qui resteront seront quatre fois plus gros, les family offices représenteront une part très significative des acteurs du private equity et les pays du Golfe, des pourvoyeurs de fonds pour le private equity ; des petits fonds reviendront aux fondamentaux de l’investissement en private equity, il y aura deux fois plus de femmes, le marché italien du private equity sera comme le marché français aujourd’hui, le private equity deviendra vraiment significatif en Asie, l’Ipem sera aussi gros que le Mipim et, dans vingt ans, nous serons tous à la retraite.
Claire Chabrier, managing partner d’Amundi Private Equity Funds
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Quand j’étais présidente de France Invest, nous avons travaillé avec une quarantaine d’entrepreneurs, d’investisseurs et d’experts sur la vision du private equity en 2042 ! Je vous livre les principales conclusions de ce travail. Dans 20 ans, les process des sociétés de gestion seront entièrement digitalisés, y compris pour le sourcing. Un même niveau d’information sera donc accessible à tous. Il n’y aura plus de « super investisseurs » généralistes, mais des profils très divers avec des compétences fortes spécifiques. L’ouverture, la créativité seront valorisées. Les décisions d’investissement seront prises par des comités plus ouverts. La performance sera, notamment, mesurée (grâce à la data et à son traitement) par le rendement financier et l’impact sur le vivant. Au regard des accélérations actuelles, est-ce que cela n’arrivera pas plutôt dans 10 ans ?
Patrick Maurel, président de Natixis Partners
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Bergson a écrit : « L’avenir n’est pas ce qui va arriver, mais ce que nous allons faire. »
L’humain sera augmenté semble-t-il ; la question est : les TRI le seront-ils également ?
Le PE devra, comme nous tous, composer (avec), s’adapter (à), s’appuyer (sur) l’IA.
Une double révolution va continuer de se produire et elles s’entraîneront réciproquement : le passage à la physique quantique et la mise en réseau de milliards d’êtres humains et demain de milliards d’objets via Internet.
L’entreprise et le PE seront au centre, et ce à plus d’un titre, de ces transformations /révolutions.
Quant à moi, je ne serai plus qu’un observateur, parfois intéressé par vos performances !
Peut-être dans le Cloud ; et ne regardez pas vers le ciel, car le Cloud porte mal son nom, puisque nos données sont, elles, bien ancrées dans le sol, voire en mer, pendant que nos esprits vagabondent ou s’élèvent !
Antoine Papiernik, président et managing partner de Sofinnova Partners
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L’intelligence artificielle change la donne et dans 20 ans nous serons dans un monde nouveau. Le capital investissement n’y échappera pas ! Nos équipes s’y préparent, c’est pourquoi nous avons développé notre propre outil, qui transforme déjà la manière dont nous sourçons nos deals, réalisons nos due diligences et soutenons nos entreprises. Ce n’est qu’un début. L’IA ne remplacera pas les investisseurs, mais elle les propulsera à un autre niveau. Dans notre domaine, la santé, l’IA réduira les délais de développement des nouvelles thérapies et redéfinira complètement les soins aux patients. Moins d’erreurs, plus de précision. L’industrie sera plus rapide et plus connectée à un niveau que nous ne pouvons même pas imaginer aujourd’hui.
Dominique Senequier, présidente d’Ardian
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Dans 20 ans, je vois le private equity comme une industrie dont la mission dépassera largement son rôle financier pour accompagner les entreprises dans leur transformation. Les marchés émergents continueront de jouer un rôle crucial, offrant des opportunités inédites dans des secteurs comme les technologies vertes et la santé numérique.
En tant qu’investisseur, l’utilisation toujours plus importante de technologies avancées comme l’IA nous aidera à améliorer la transparence et à maîtriser l’efficacité des transactions. À l’avenir, notre capacité à naviguer dans un paysage économique complexe nous permettra de continuer à répondre aux attentes croissantes en matière de durabilité et d’impact social.
Antoine Flamarion, co-fondateur de Tikehau Capital
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Dans 20 ans, le private equity ne ressemblera plus à ce que nous connaissons aujourd’hui. Les frontières entre investissement public et privé se seront estompées, avec une démocratisation massive des actifs alternatifs auprès des investisseurs individuels. L’IA et l’analyse prédictive auront bouleversé la façon dont nous sourçons, analysons et structurons les deals. Mais, au-delà des technologies, la véritable transformation viendra de notre capacité à redéfinir la notion de rendement : demain, la performance ne se mesurera plus uniquement en multiples et en TRI, mais aussi en impact réel sur l’économie et la société. Ceux qui l’auront compris seront les leaders de demain.
Laurent Tourtois, associé-gérant d’Andera Partners
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Dans 20 ans, le private equity ne sera plus un segment « alternatif » de la gestion d’actifs, mais un acteur majeur et reconnu de la transformation de l’économie et de la société. Alors que la puissance publique est étouffée par la dette, le capital privé s’imposera comme une solution de financement indispensable de l’innovation, du changement d’échelle des PME et de la décarbonation des infrastructures. Et une solution incontournable pour combler le déficit de l’épargne retraite. C’est une grande responsabilité pour l’industrie du private equity qui devra relever ces grands défis en incarnant une finance engagée, responsable et performante.
Claire Gawer, head of Fund Platform, Private Assets, BNPP AM
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Dans 20 ans, le private equity sera plus technologique, plus liquide et plus responsable. L’IA et les analyses de données affineront la sélection des investissements, la durabilité fera partie intégrante du processus de sélection et les structures des fonds évolueront pour offrir davantage de flexibilité aux investisseurs cherchant de la survaleur tout en maintenant un accès à la liquidité. La concentration des acteurs aboutira à la création de véritables asset managers, qui sauront offrir des plateformes très diversifiées et accessibles au retail. Ce sera une ère plus ouverte et plus dynamique, où seuls les plus agiles sauront bénéficier de la croissance forte de notre marché.
Gonzague de Blignières, co-fondateur de Raise
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Dans 20 ans, le partage de la réussite au service de projets de bien commun sera devenu une norme. La parité et la diversité au sein des sociétés de gestion ne feront plus débat. Les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance auront autant de poids – sinon plus – que les critères économiques. Le retail sera omniprésent, l’intelligence artificielle jouera un rôle central dans nos transactions, et Private Equity Magazine restera une référence incontournable du secteur.
Stéphane Vanbergue, associé Transaction Services d’Eight Advisory
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Le private equity continuera de se concentrer sur des stratégies durables et responsables, avec une intégration accrue des technologies émergentes. Les fonds devront s’adapter à un environnement réglementaire plus strict et répondre aux attentes croissantes en matière de transparence et de durabilité. Dans ce contexte, le rôle des cabinets comme Eight Advisory sera crucial pour guider les fonds à travers ces défis, en leur offrant des expertises sectorielles, des outils technologiques et un accompagnement dans la transformation des entreprises en actifs performants.
Olivier Millet, membre du directoire d’Eurazeo
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Dans 20 ans je continuerai à investir mon épargne dans le private equity et j’aiderai des GPs, des LPs et des entreprises à rêver plus grand et plus loin. Le private equity aura probablement continué à se développer et à se professionnaliser. L’IA aidera à analyser et à prendre des décisions. Mais les investisseurs et les dirigeants d’entreprises auront toujours la responsabilité de s’engager ensemble pour des cycles longs de cinq à dix ans. La qualité des leaders d’équipes restera la première clé de succès dans les entreprises comme dans les équipes de PE. La seconde clé de succès sera un cocktail entre la technologie, la force de travail, l’intuition humaine et la créativité. Et j’espère que toutes les équipes de PE n’auront pas été rachetées par les asset managers traditionnels …
Bertrand Rambaud, président de Siparex et de France Invest
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Dans 20 ans, le private equity aura une place encore plus importante dans le financement et l’accompagnement des entreprises, j’en suis convaincu. La transformation des entreprises pour répondre aux grands bouleversements de notre monde – digitaux, climatiques… – nécessite des besoins colossaux en fonds propres. Notre métier poursuivra également son évolution, avec une part accrue de l’IA, qui optimisera les process, une plus grande proportion de femmes investisseurs, une consolidation des équipes pour créer des plateformes de grandes marques, de dimension internationale, capables de peser dans l’économie mondiale et de renforcer la souveraineté de notre pays. Une dimension me semble cependant immuable. Nous faisons un métier où la relation humaine tient une place centrale et essentielle, et la règle des 15 minutes, qui me permettait, il y a 20 ans, de me faire une conviction du chef d’entreprise que j’avais devant moi, et réciproquement, ne changera pas.
Olivier Tordjmann, associé de Mayer Brown
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Dans 20 ans… je ne dirai plus comme il y a 20 ans que je vendrai des bracelets sur la plage au Brésil, car je n’ai pas tenu parole. Convaincu que ce marché nécessite de plus en plus de développer des compétences stratégiques et d’ingénierie pour gagner des dossiers et exceller chacun dans nos métiers avec maturité, je le trouve de plus en plus passionnant, même s’il est de plus en plus compétitif et je n’ai finalement pas cédé aux sirènes des plages et des caipirinhas. Faisons juste en sorte que les Teams, les matrices, les modèles et les Excel ne le rendent pas plus anonyme, même si certains acteurs ont démontré que les opérations peuvent se conclure depuis des lieux très éloignés géographiquement et donc possiblement depuis Ibiza, la Corse, Val d’Isère ou… depuis le Brésil. Nos entrepreneurs méritent le soutien plein et entier du marché du capital-investissement et de Private Equity Magazine pour les 20 prochaines années et plus. Hâte d’assister à l’évolution de ce marché sur les prochaines années !
Marc Fournier, co-fondateur et managing partner de Serena
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Dans 20 ans, le private equity, et plus particulièrement le venture capital, aura profondément évolué. La capacité à exécuter un business plan sera encore plus cruciale, les idées étant largement générées par l’IA. L’IA et la blockchain automatiseront l’analyse des start-up, accélérant et affinant les décisions d’investissement. Les fonds seront plus globaux, connectant les talents à l’échelle mondiale. Les enjeux ESG deviendront incontournables, avec une pression croissante pour financer des projets durables.
Dans vingt ans, PE Magazine aura vingt ans d’expérience de plus, et Franck aura décroché son premier Pulitzer.
Benjamin Arm, CEO d’IdiCo
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En 2045, le private equity sera plus généreux, responsable, automatisé et accessible. Les investisseurs, les entrepreneurs, leurs salariés et les sociétés de gestion bénéficieront ensemble des réussites : la performance financière cohabitera avec un impact durable et une redistribution plus équilibrée. Le private equity a prouvé sa capacité à transformer les entreprises ; il prouvera qu’il peut aussi partager la richesse qu’il crée.
L’IA optimisera considérablement l’analyse des opportunités et la gestion des portefeuilles, tandis que la tokenisation des parts de fonds renforcera encore l’accès au private equity pour les investisseurs particuliers, offrant ainsi une plus grande liquidité aux actifs.
Ronan Le Moal, associé-fondateur et directeur général d’Épopée Gestion
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Dans 20 ans, et même avant j’espère, le financement par le capital ne sera vraiment plus seulement qu’une… question d’argent. Les investisseurs seront, encore plus qu’aujourd’hui, monsieur et madame Tout le monde, qui financeront, en « circuit court », les pépites proches de chez eux pour donner du sens à leur argent. Les directeurs de participations passeront autant de tant à accompagner qu’à challenger les entrepreneurs en leur apportant un soutien opérationnel (recrutements, IT, exports…) pour co-créer de la valeur économique, écologique et sociétale. Et fort logiquement, le TRI englobera l’ensemble des externalités, qu’elles soient économiques, écologiques ou sociétales. Dans 20 ans enfin, nous aurons compris que le private equity est un formidable outil d’aménagement du territoire en faisant éclore des champions en région, véritables catalyseurs de tout un écosystème régional.
Dominique Gaillard, président d’Armen
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Contrairement aux prédictions de David Layton, CEO de Partners Group, qui annonçait en 2021 que le nombre d’acteurs du PE passerait de 11 000 à environ 1 000 plateformes d’ici à 2030, je pense que les 20 prochaines années verront coexister deux dynamiques complémentaires : un mouvement inéluctable de consolidation conjointement à l’émergence constante de nouvelles équipes spécialisées, positionnées sur des niches extrêmement pointues. Dans un équilibre oscillant presque schizophrénique, les investisseurs rechercheront à la fois la sécurité et la stabilité offertes par les grandes marques, ainsi que l’alpha que seuls des spécialistes hautement qualifiés seront en mesure de générer.
Hervé Fonta, président de Meanings Capital Partners
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Dans 20 ans, le marché du PE aura connu une croissance spectaculaire, il financera 10 % de l’économie, aura participé à la reconstruction de l’Ukraine et permettra à l’Europe de redevenir n° 1 mondial en innovation et en industrie. Grâce aux publicités sur les réseaux sociaux, le public souscrira directement aux fonds cotés en Bourse. Les entreprises pourront solliciter des financements publics minoritaires, distribués directement sur internet par une IA. La production de CO2 devenue taxable, les fonds réaliseront des gains financiers en évitant l’émission de GES. Les fonds participeront à l’émergence d’une économie totalement circulaire, et certains seront sécurisés par des blockchains. Enfin, quelques pionniers auront tenté d’investir dans des entreprises lunaires ou martiennes !
Jean-Bernard Meurisse, président d’Initiative & Finance
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Dans 20 ans le private equity aura probablement (encore) beaucoup changé. En extrapolant les tendances de ces 20 dernières années : fort développement pour occuper une place croissante dans l’économie, l’actionnariat et les patrimoines, professionnalisation, industrialisation, augmentation des process, de l’intermédiation et de la réglementation, diversification, développement de plateformes, consolidation, on imagine un univers polarisé, dominé par quelques grosses plateformes internationales diversifiées tenant plus de la gestion d’actifs (ouverte au retail) que du PE pur et dur, où subsistent des équipes plus petites, locales et spécialisées, plus entrepreneuriales et agiles, cultivant leur différenciation. La grande inconnue : l’impact de l’IA sur notre « industrie ».