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Des figures du capital-investissement hexagonal convoquent leurs souvenirs du marché d’il y a 20 ans.

Olivier Tordjmann, associé de Mayer Brown

Au risque de ressembler à Léon Zitrone et à l’ORTF… je me souviens… de ces closings où les paiements de l’opération se faisaient par bordereau rose Banque de France, de ces nuits de finalisation des dossiers où on restait enfermés pour éviter de considérer que nous étions passés au jour suivant, de ces anecdotes vécues dans des dossiers de LBO où on passait des nuits tous ensemble dans des salles de conférence passant de courses chronométrées dans les couloirs de Freshfields, aux parties de rugby en attendant les nouveaux mark-up ou au régime pizzas-crocodiles haribos pour nourrir 25 ou 30 personnes, là où aujourd’hui on peut passer neuf mois sur une opération en Teams sans jamais se rencontrer physiquement… Je me souviens aussi de ces moments ludiques avec les acteurs du marché en dizaines (karting, match de foot…), là où on se retrouve aujourd’hui en milliers à l’Ipem dans des rapports plus « anonymes » ou moins personnels… Merci aux petits-déjeuners du jury des Grands Prix de Private Equity Magazine, qui, depuis vingt ans, permettent à ces 25 acteurs du marché ce moment plus « personnel ».

Benjamin Arm, CEO d’IdiCo

En 2005, je débutais mon histoire dans le private equity. Vingt ans plus tard, ce métier reste tout aussi passionnant. L’exigence n’a cessé de croître : sens profond du métier, concurrence accrue, attentes des entreprises et des clients, exigences des régulateurs… Il faut une grande résilience pour traverser les périodes creuses, à la hauteur des sommets qui les suivent. Mais surtout, quelle fierté d’avoir accompagné des managers et entreprises exceptionnels et de voir ces sociétés grandir, sachant que nous avons contribué à bâtir leur succès

Claire Chabrier, managing partner d’Amundi Private Equity Funds

Il y a vingt ans, j’investissais dans des PME et ETI en Europe Centrale pour SGAM. On menait alors des opérations de public to private, de capital-développement et transmission, mais peu d’opérations à effet de levier. En mai 2004, j’ai conduit la cession d’une de nos participations dans les Pays Baltes à travers une IPO sur le Baltic Stock Exchange. C’était la première IPO de ces pays qui rejoignaient l’UE ce même mois de mai 2004 ! Notre équipe était composée d’Anglo-saxons, de Polonais et de Roumains. J’étais la seule femme. Pour nos sessions annuelles de team building, c’était tir à la kalachnikov et vodka au programme. Ce sont probablement aussi en partie ces expériences qui m’ont donné envie de pousser les sujets de parité dans notre industrie en France.

Olivier Millet, membre du directoire d’Eurazeo

Il y a vingt ans, je débutais déjà ma quatrième aventure dans le private equity (après Capital Finance en 1986, 3i en 1990 et Barclays PE en 1994) avec le lancement d’OFI PE, que nous coterons en Bourse en 2007 (une semaine avant la crise des subprimes) et qui deviendra Eurazeo PME, la filiale midcap du groupe Eurazeo. J’ai conservé le premier numéro de PE Mag, c’était déjà un super numéro !

Le private equity a-t-il changé en vingt ans ? Non, car c’est toujours une aventure humaine d’hommes et de femmes (de plus en plus) engagés avec passion dans des projets de transformation du monde économique et sociétal. Oui, car la quatrième voie capitaliste prend chaque année un peu plus sa place dans le financement et l’accompagnement professionnel des entreprises de petite taille (quelques millions), mais aussi de plus en plus grandes (quelques milliards). Notre marché reste en croissance dans un environnement de plus en plus compétitif, complexe, sophistiqué et totalement international.

Patrick Maurel, président de Natixis Partners

On n’est pas sérieux quand on a 17 ans mais 20 ans, quel bel âge !

C’était un autre monde puisqu’il y a vingt ans, les Gafa n’étaient pas encore les Beatles (Google et Amazon n’étaient en effet pas encore nés), c’est dire !

Le terme big data n’existait pas encore et Exxon Mobil était la plus grosse capitalisation mondiale.

Les données ont remplacé le pétrole sous terre, voire en mer, d’ailleurs.

Le temps d’une révolution donc ! la qualifier de numérique serait l’amoindrir, puisqu’elle a révolutionné nos vies entières.

Pendant ce temps alors que Johnny Hallyday chantait 20 ans (pas la plus connue de ses chanson je vous l’accorde), ses paroles commencent par « on est pas là pour payer les dettes », le PE a balayé ce mauvais augure, puisque son poids dans l’économie n’a fait que croître au point qu’il représente maintenant six fois plus qu’il y a 20 ans culminant à 6 000 milliards de dollars à l’échelle mondiale.

Et, s’il n’y avait qu’une seule chose à retenir de ces 20 ans écoulés, ce serait, selon moi, l’information et son traitement. Amusant d’ailleurs de noter qu’il y a tout juste 20 ans naissaient la TNT et Facebook !

« On assiste à une véritable mise en données du monde », écrit Marc Dugain… y compris dans le private equity !

Antoine Papiernik, président et managing partner de Sofinnova Partners

En vingt ans, le capital-risque a vécu une révolution. À l’époque, Sofinnova Partners était déjà actif – nous avions plus de 30 ans ! – et était aux premières loges. Le plus marquant est le changement d’échelle. De quelques centaines de millions de francs, nous sommes passés à près de 3 milliards d’euros sous gestion. Tout le secteur a vécu ce changement : alors qu’une entreprise qui levait 10 millions d’euros faisait sensation, lever 100 millions d’euros semble presque banal aujourd’hui. Quand je regarde le chemin parcouru, ce qui me réjouit le plus est la place de l’Europe : alors qu’elles peinaient à exister face aux États-Unis, nos start-up peuvent aujourd’hui rivaliser avec leurs cousines américaines. L’écosystème a mûri : des entrepreneurs et des investisseurs plus expérimentés, mais aussi un niveau d’exigence supérieur.

Jean-Bernard Meurisse, président d’Initiative & Finance

Il y a 20 ans je rejoignais Initiative & Finance pour m’atteler avec d’anciens et de nouveaux associés à la reconstruction des fondations et à faire perdurer une belle histoire menacée. En effet, cette société de gestion captive bancaire (au sein de Natixis) qui gérait une SCR1 cotée venait d’être amputée d’une grosse moitié de ses associés par un spin-off partiel et devait reconstituer ses forces vives et trouver un nouveau souffle. Défi collectif vite relevé, avec un fort renouvellement de l’équipe, très autonome au sein de Natixis, jusqu’à l’émancipation quelques années après, la conversion réussie à la gestion pour compte de tiers et la diversification de l’offre en PE avec le lancement du fonds Tomorrow.

1 SCR : société de capital-risque

Dominique Senequier, présidente d’Ardian

Depuis ces vingt dernières années, notre secteur s’est métamorphosé en un acteur incontournable du paysage économique mondial, réinventant considérablement notre manière d’investir. Nous avons assisté à une démocratisation de l’investissement, rendant le private equity accessible à une plus large base d’investisseurs. Les stratégies se sont diversifiées, intégrant une approche plus durable et responsable. En vingt ans, le private equity s’est découvert une capacité à être un catalyseur de changement, pouvant soutenir les entreprises dans leur croissance et leur transition vers des performances durables.

Bertrand Rambaud, président de Siparex et de France Invest

Il y a vingt ans, notre quotidien d’investisseur était rythmé par les fichiers Excel, les appels sur Blackberry et les trajets en voiture pour nous rendre dans les entreprises. Nous travaillions entre pairs, aux profils très semblables, essentiellement masculins et très financiers. C’était le tout début des grands spin-off et des méga deals, car, pour l’essentiel, être investisseur consistait à prendre des parts minoritaires dans des entreprises familiales. Il y avait moins d’acteurs et moins de secteurs éligibles qu’aujourd’hui. Les cycles économiques étaient plus longs et les crises violentes étaient moins fréquentes. Aujourd’hui, Excel existe toujours, mais les smartphones et internet ont révolutionné l’accès aux informations, l’IA vient optimiser nos process, et nous prenons le train ! Plus fondamentalement, nous travaillons étroitement avec des nouveaux profils opérationnels qui accompagnent les entreprises et contribuent à créer de la valeur. Notre métier a atteint sa maturité et s’est épanoui dans une décennie de croissance remarquable.

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