« Les VCs ont longtemps évité les maladies neuro-dégénératives, alors même qu’une partie importante de la population mondiale est susceptible d’en souffrir ; ils commencent à y venir au vu des progrès de la recherche qui ne s’arrête jamais », Antoine Papiernik, Sofinnova Partners
Biotech, équipements médicaux, éditeurs de logiciels… le secteur de la santé présente de nombreuses opportunités et beaucoup de sous-segments sur lesquels des fonds de toutes sortes prennent volontiers position. Animé par quelques tendances parties vraisemblablement pour durer, il tient encore une place de choix dans les spécialités des GPs.
Pour des investisseurs en quête de valeur refuge lorsque les nuages s’amoncellent sur les marchés privés, le secteur de la santé coche à coup sûr de nombreuses cases. Propulsé au premier rang des priorités de tous les GPs de la planète pendant la crise sanitaire du Covid-19, il continue, même maintenant que les choses se sont plutôt normalisées dans ce domaine, à offrir un certain nombre de garanties particulièrement prisées des investisseurs. « S’il y a bien un secteur dans lequel la profondeur de marché n’est pas un problème, c’est la santé, tranche Antoine Papiernik, président et managing partner de Sofinnova Partners. Cette industrie est l’une des plus solides et porteuses, soutenue par des mégatendances comme le vieillissement de la population mais aussi par les avancées de la science, qui ouvrent de nouvelles opportunités. Par exemple, une pathologie comme l’obésité faisait pendant longtemps figure de serpent de mer pour les investisseurs comme pour les médecins, tout le monde pensant que l’innovation serait incapable d’y apporter une solution. Or, il y a maintenant un traitement pour l’obésité, qui redevient un sujet d’intérêt, y compris pour les acteurs du VC. De même, ceux-ci ont longtemps évité les maladies neuro-dégénératives, alors même qu’une partie importante de la population mondiale est susceptible d’en souffrir ; ils commencent à y venir au vu des progrès de la recherche qui ne s’arrête jamais et n’a probablement jamais été aussi intense qu’aujourd’hui. »
Cette activité alimente un foisonnement de start-up, notamment en biotech, qui fait le bonheur des fonds early stage. À l’instar de Sofinnova ou de Kurma Partners, certains d’entre eux font même le pari de la cofondation de sociétés aux côtés de chercheurs ou d’entrepreneurs, arrivant ainsi au tout premier stade de la création de valeur. « Ce qui nous amène à réaliser ou non un investissement, et donc à créer une biotech, est essentiellement la corrélation entre l’innovation scientifique et notre capacité à la transformer en un médicament qui apporte une réponse à un besoin clinique fort et non encore couvert, résume Rémi Droller, associé de Kurma Partners chargé de la franchise Biofund. L’autre enjeu pour nous est la diversification de nos portefeuilles par modalités et par aires thérapeutiques. De ce point de vue, les trois premières participations de Biofund IV, qui vient de réaliser son closing initial à 140 millions d’euros, illustrent parfaitement notre stratégie : la première est une start-up hollandaise que nous avons cofondée dans le domaine des anticorps thérapeutiques ; la deuxième, de nationalité allemande, a levé une série A pour démarrer les tests pré-cliniques de son traitement dans le domaine des maladies inflammatoires ; et la troisième est une société suisse dont la solution de protection des reins des patients transplantés contre les virus endogènes arrive en phase 2. De manière plus générale, nous constatons des besoins grandissants de nouveaux mécanismes d’intervention des thérapies, par exemple en oncologie ou dans les maladies neuropsychiatriques, cardio, métaboliques et inflammatoires. »
Les industriels en première ligne
Au fil des dernières années, le continuum de financement des biotech s’est mis en place sur ce segment du thérapeutique, notamment sous l’impulsion du programme Tibi, qui a permis l’émergence de fonds de growth spécialisés. Par ailleurs, un autre phénomène caractérise et anime depuis peu ce marché, qui tient à la place qu’y prennent les industriels de la pharmacie. « Les grands laboratoires pharmaceutiques font face à un “patent cliff”, c’est-à-dire qu’un nombre important de leurs brevets vont tomber dans le domaine public. Cela va les exposer à la concurrence des génériques et se traduira par une perte de chiffre d’affaires cumulé de l’ordre de 300 milliards de dollars d’ici à 2030. Ce montant colossal s’explique par la taille des marchés couverts par les “blockbusters” de ces dernières années, à l’instar du Dupixent de Sanofi ou du Keytruda de Merck & Co (MSD). Afin de limiter au maximum ce trou d’air annoncé, ils recherchent activement des molécules qui ont le potentiel de remplacer ces traitements, ce qui soutient leur activité M&A au profit des fonds comme le nôtre à qui ils rachètent des actifs innovants », explique Sabine Dandiguian, elle-même ancienne cadre dirigeante chez Johnson & Johnson et aujourd’hui managing partner chez Jeito, l’un de ces GPs qui s’est lancé sur le segment du venture late stage au début de 2020.
Sur les 15 participations de son premier fonds, il a enregistré trois sorties, toutes réalisées auprès d’industriels : Neogene a été racheté par AstraZeneca en 2022 et, au printemps dernier, Hi-Bio attirait la convoitise de Biogen et EyeBio, celle de Merck & Co. Ces deux dernières cessions se sont faites sur des valorisations comprises entre 1,15 et 3 milliards d’euros avec des paiements lors du closing et des versements supplémentaires prévus en fonction de l’atteinte de certaines étapes de développement. De même, AstraZeneca a de nouveau défrayé la chronique cet été en concluant le rachat d’Amolyt Pharma (Sofinnova Partners, ICG, Tekla Capital Investment, CTI Life Sciences, Andera Partners, Novo Ventures, Kurma Partners, EQT Life Sciences, Bpifrance, Sectoral Asset Management, Pontifax, Orbimed, Mass General Brigham Ventures, ATEM, Crédit Agricole Création, Relyens Innovation Santé) pour 1,05 milliard de dollars. Quelques mois plus tôt, c’est Eli Lilly qui frappait un grand coup en mettant la main sur Mablink Biosciences (Sofinnova Partners, Mérieux Equity Partners, UI Investissement, Elaia Partners, Sham Innovation Santé, Fondation Fournier-Majoie, Simba Santé, Crédit Agricole Création) pour près de 4 milliards de dollars. « Il y a de plus en plus de granularité dans les thématiques sur lesquelles les big pharmas se disputent les meilleurs actifs, constate Antoine Papiernik, chez Sofinnova. De manière générale, leurs équipes sont plus coordonnées et actives que par le passé pour surveiller le portefeuille des biotech et sont prêtes à envisager tous les moyens possibles pour mettre en place une collaboration : achat, licence, partenariat… Elles sont parfaitement équipées pour réaliser des essais cliniques de phase 3 sur une molécule venue d’une biotech ; cela dit, cette situation n’est pas figée et nous les voyons sur l’ensemble du spectre de maturité de nos start-up. Par exemple, Mablink n’était qu’en pré-clinique lorsque Eli Lilly nous a approchés. »
Dans le cas d’Amolyt Pharma, AstraZeneca a clairement forcé la vente, dans la mesure où la société n’avait aucun problème de financement et venait de boucler une série C de 130 millions d’euros au début de 2023. Elle venait d’amener en phase 3 son produit principal destiné à traiter l’hypoparathyroïdie (déficit d’une hormone intervenant dans la régulation du calcium dans le sang et les os) et préparait sa commercialisation en 2025-2026. « Nous sommes dans un secteur très intégré et tout à fait préparé à l’intégration des biotech par les grands laboratoires pharmaceutiques, qui possèdent toutes les infrastructures commerciales et réglementaires pour mener à bien le développement d’une molécule jusqu’à la mise sur le marché d’un traitement, confirme Rémi Droller, chez Kurma Partners. Leur appétit tend à réduire les durées de détention et de développement par les VCs, et à transférer leur risque sur l’accès au marché, la gestion des remboursements, plutôt que sur la partie clinique à proprement parler. » Le constat que partagent tous les praticiens du marché est que l’innovation ne se trouve plus sur les paillasses des big pharmas, faute de moyens ou en raison de décisions stratégiques allant dans le sens de l’externalisation, mais bel et bien parmi les start-up.
Expertise clinique et indications porteuses
Toutefois, les laboratoires ne sont pas prêts à acheter n’importe quoi et, pour répondre à leur activisme et ainsi se ménager des portes de sortie intéressantes, surtout dans un contexte où les IPO ne font pas recette et où le monde de la biotech reste terra incognita pour les fonds de LBO, les fonds doivent montrer patte blanche sur certains critères et être en capacité de présenter leurs participations sous leur meilleur jour. « Les laboratoires pharmaceutiques achètent sur la base d’une anticipation des ventes cumulées d’un traitement donc des bénéfices patients et des populations cibles. Pour que cette estimation soit la plus optimale possible, il est aussi nécessaire que la mise sur le marché puisse se faire rapidement. Les investisseurs comme nous doivent donc être capables de définir le développement clinique optimal, aux critères de qualité internationaux sur les populations cibles, la valeur que l’on prévoit de leur apporter, et donc le prix attendu », signale Sabine Dandiguian, chez Jeito. Dans une logique d’intérêts réciproques bien compris, Sanofi a souscrit à son premier fonds à hauteur de 50 millions d’euros ; deux autres laboratoires devraient monter à bord de son deuxième millésime en cours de levée. Un VC comme Kurma Partners a depuis longtemps intégré la nécessité de collaborer avec les industriels : tous ses fonds Biofund – il vient d’annoncer le premier closing de son quatrième vintage – ont pour LP cornerstone un laboratoire. Après GSK (Biofund II) et Servier (Biofund III), c’est au tour de la big pharma australienne CSL de sponsoriser le nouveau millésime.
Santé digitale : Lauxera Capital Partners sécurise 300 M€ pour son deuxième fonds
Au sein d’un secteur de la santé dont la résilience n’est plus à prouver, le créneau de la santé digitale (healthtech) est probablement l’un de ceux qui offre le plus de potentiel. Lauxera Capital Partners bénéficie, comme d’autres, de cette dynamique, à la fois en termes d’investissement, mais aussi de levée. En juillet dernier, il a bouclé le dernier deal de son premier fonds dédié à cette thématique, Synovo ; au début de décembre, il a dévoilé le niveau du closing initial de son successeur, plus de 300 millions d’euros ; et en fin d’année, il prévoyait de finaliser son investissement inaugural, dans une société allemande. « Signe de la solidité de notre secteur et de notre thèse d’investissement, la plupart de nos LPs historiques sont revenus dans le deuxième fonds, parfois en augmentant leur ticket. De même, notre deal flow reste très fourni sachant que nous investissons très majoritairement dans des entreprises européennes que nous accompagnons dans leur “scale-up“, notamment aux États-Unis. Enfin, nous recevons beaucoup d’offres non sollicitées pour nos participations du fonds 1 ; ce portefeuille est encore jeune et nous ne sommes pas pressés de vendre pour l’instant », se félicite Pierre Moustial, cofondateur de Lauxera Capital Partners en 2020.
Venture late stage et growth buyout
Mêlant des opérations de venture late stage/capital-développement et de growth buyout, celui-ci compte 12 lignes. Il a été doté de 260 millions d’euros lors d’un closing final mené à bien au début de 2022. Avec le fonds suivant, le GP ambitionne d’atteindre 400 millions tout en conservant sensiblement la même méthode de déploiement. « Nous resterons dans l’épure du premier fonds en ce qui concerne le nombre de participations avec une cible située entre 12 et 15 sociétés, précise Pierre Moustial. En revanche, notre ticket va augmenter en passant de 10-30 millions d’euros à 20-50 millions. Nous conservons également la répartition entre du capital-développement minoritaire sur des sociétés réalisant au moins 10 millions d’euros de chiffre d’affaires et structurellement rentables, et du growth buyout majoritaire sur des entreprises avec un haut niveau de rentabilité. Enfin, nous gardons notre tropisme transatlantique, car les États-Unis restent incontestablement un marché-clé dans notre secteur de la healthtech. » Restant toujours à l’écart des sujets de biotech, pharma ou encore radiologie, Lauxera commence également à envisager une extension de son réseau en Europe : aujourd’hui basé à Paris et dans la Silicon Valley, il songe à ouvrir des bureaux en Allemagne ou en Scandinavie en prévision de son troisième vintage.
Newfund creuse son sillon dans la braintech avec Heka
Newfund est entré dans la dernière ligne droite de la levée de son first time fund Heka, dédié à la « braintech », c’est-à-dire la santé numérique appliquée au cerveau. Son closing final est prévu pour la fin de mars avec une taille cible de 80 millions d’euros. Lancé en juillet 2023 avec un premier ticket dans Reev, à l’origine d’une prothèse du genou motorisée aidant notamment à la rééducation de patients touchés par des AVC, il a réalisé depuis six autres investissements, principalement en France, mais aussi dans d’autres pays européens. Son deal le plus récent a été dévoilé le 28 novembre dernier : Heka a participé, en co-lead avec Kurma Partners, à la levée d’amorçage de 16 millions d’euros réalisée par Raidium (lire deal page 47).
« En dix-huit mois de déploiement, nous avons étudié environ 800 opportunités, signe que l’écosystème européen de la braintech est en train de se constituer et de s’animer », assure Anne-Sophie Saint-Martin, associée chargée des sujets de santé chez Newfund, et plus particulièrement de cette stratégie, citant par exemple la montée en puissance du cluster français Brain & Mind et de son homologue finlandais. « Nous avons détecté de très bons projets en Europe qui manquaient de financements et que nous souhaitons accompagner dans leur développement sur le marché américain, sachant que nous n’investissons que dans la tech et les sujets de data, d’IA… et pas du tout dans la production de médicaments », complète-t-elle.
Médecine de précision
La thèse d’investissement d’Heka mise donc sur les convergences en cours entre l’industrie des équipements médicaux et le monde du logiciel, entre le hardware et le software, entre le diagnostic et la médecine de précision, l’ensemble étant tiré par la capacité d’innovation des biotech et, dans certains cas, des laboratoires pharmaceutiques. « Le fait que des médicaments soignant des pathologies neurologiques, par exemple Alzheimer, arrivent sur le marché est un driver pour notre stratégie. En effet, à quoi bon diagnostiquer des maladies qu’il ne sera pas possible de soigner et inversement ? La santé numérique permet aussi d’améliorer la précision des traitements en fonction de chaque personne et de faire des diagnostics plus précoces, rappelle Anne-Sophie Saint-Martin. Notre conviction est qu’il faut plus de fonds qui interviennent en amont de l’obtention des marquages FDA ou CE, nécessaires à la commercialisation des produits. Beaucoup d’équipes généralistes en font un pré-requis à leur investissement alors que les vrais problèmes, de notre point de vue, arrivent après, lorsqu’il s’agit de mettre en place des business models pérennes. C’est pourquoi il faut des vrais experts capables d’évaluer en amont le potentiel et l’efficacité des produits sachant que des financements publics existent pour les premières études cliniques. Chez Heka, nous nous sommes associés à la fondation FondaMental, précisément pour avoir cette contribution scientifique dans l’étude des opportunités d’investissements avec l’idée que nous intervenons généralement au début de la courbe d’innovation, plutôt de 12 à 18 mois avant la certification FDA/CE. Par la suite, notre ambition est de suivre la série A qui financera le démarrage commercial sur la base d’un business model à mettre en place et qui, bien souvent, reposera sur le remboursement par le système public de santé américain. »
Ensuite, à l’instar de ce qu’il se passe avec les biotech, il est très possible que des industriels de la medtech, désireux de doter leurs équipements des dernières technologies en matière d’IA et de digital, offrent à Newfund et aux autres VCs présents dans le secteur des solutions de liquidité rapides.
Turenne cherche 50 à 100 M€ pour son premier fonds de growth NextHealth
Turenne complète ses capacités d’investissement dans le secteur de la santé en lançant une stratégie de growth baptisée NextHealth. « Avec la Fondation Béatrice Denys, du nom de l’associée de Turenne à qui j’ai succédé à la tête de la franchise dédiée à la santé, nous subventionnons des projets de recherche qui pourront donner lieu à la création d’une société. Elle est abondée par des dons du groupe Turenne et une partie de notre carried. Ensuite, nous couvrons le capital-risque avec le mandat que nous gérons pour le compte de la mutuelle Relyens. Enfin, nous sommes actifs en capital-développement-transmission avec nos fonds Capital Santé dont le troisième millésime est en cours de levée et réalisera prochainement son closing initial, décrit l’associée Mounia Chaoui. L’idée de NextHealth est de nous insérer entre Relyens Innovation Santé et Capital Santé en ciblant des entreprises en forte croissance, qui réalisent déjà du chiffre d’affaires ou sont à moins d’un an d’engranger leurs premiers revenus, et qui peuvent être tout juste rentables ou déficitaires. » Citant des exemples comme HalioDx, Germitec, Pixel ou encore PhysioAssist, elle rappelle : « Nous avons réalisé plusieurs opérations de ce type avec le fonds Relyens et recevons une centaine d’opportunités correspondant à cette thèse chaque année. L’idée est donc d’augmenter nos tickets sur ce type d’opérations avec un fonds dédié. A priori, le portefeuille de NextHealth sera très largement exposé à des éditeurs de logiciels et des acteurs du secteur des dispositifs médicaux ; nous n’excluons pas d’investir dans certaines plateformes biotech, mais à la seule condition qu’elles réalisent du chiffre d’affaires ou soient en passe de le faire dans les 12 prochains mois. » L’objectif serait de réaliser de 10 à 15 opérations avec le futur fonds, sur des tours de financement qui atteindraient une soixantaine de millions d’euros, en tant que lead ou co-lead. Géré par l’équipe déjà chargée du mandat Relyens, sa taille cible est comprise entre 50 et 100 millions d’euros. Les bulletins de souscription déjà reçus en représentent environ 80 %.
Mérieux Equity Partners joue l’effet miroir entre le VC et le LBO
Mérieux Equity Partners vise le premier trimestre de 2025 pour réaliser le closing initial de son fonds de capital-risque de deuxième génération, Mérieux Innovation 2 (lire aussi brève page 6). D’une taille cible de 150 millions d’euros, il prendra la suite d’un millésime 2020 baptisé OMX Europe Venture Fund et, contrairement à ce dernier qui portait une thèse transatlantique, sera recentré sur l’Union européenne. En revanche, il restera essentiellement positionné sur des séries A avec pour philosophie d’accompagner des start-up du secteur de la santé dans leur passage entre la R&D et l’industrialisation. Dans le même temps, l’autre équipe d’investissement de la plateforme poursuivra le déploiement de son quatrième fonds de capital-développement/LBO, Mérieux Participations 4, closé en septembre 2023 à 570 millions d’euros. Il compte aujourd’hui neuf participations et en vise de 12 à 14.
Le GP, désormais pleinement ouvert à la gestion pour compte de tiers, décline sensiblement les mêmes thématiques sur ces deux stratégies, jouant la carte de l’effet miroir entre le venture et le LBO. « Que cela soit en venture ou en capital-développement/LBO, nous investissons principalement sur deux verticales fortes que sont les plateformes thérapeutiques (bioproduits et dispositifs médicaux) et les services aux laboratoires pharmaceutiques, tout en considérant que la digitalisation est un thème transversal, qui est intégré à tous les segments de marché », résument Valérie Calenda et Thierry Chignon, managing partners respectivement chargés des fonds Innovation et Participations.
Externalisation
En capital-risque, « ce qui nous anime est la convergence des progrès scientifiques des deux dernières décennies avec les besoins accrus de personnalisation des soins, de développement de nouvelles thérapies… Il y a aujourd’hui une nécessité de rationaliser les nombreux candidats-médicaments en cours de développement et les algorithmes permettent de faire ce tri. Ce sont donc des sujets que nous regardons de même que les services aux pharmas innovants permettant de raccourcir les étapes pré-cliniques », détaille Valérie Calenda.
Côté entreprises matures, l’équipe emmenée par Jean-François Billet, responsable de la stratégie buyout, et Thierry Chignon, qui s’occupe aussi des relations investisseurs de Mérieux Equity Partners, s’autorise à investir dans des traitements de niche de maladies rares ou orphelines par exemple. « Quand nous intervenons sur des PME commercialisant des médicaments pour maladies orphelines ou maladies rares, l’internationalisation est encore plus importante, car le nombre de patients par pays est par définition limité, souligne l’investisseur. En ce qui concerne les services aux industriels, nous nous inscrivons dans la tendance forte à l’externalisation de bon nombre de leurs activités liées à la R&D, aux essais cliniques ou encore au façonnage. Les CMO, CRO ou encore CDMO font partie des dossiers que nous étudions de près. »
Dans le contexte actuel, ces actifs trouveront sans nul doute preneurs du côté de fonds de LBO midcap lorsque Mérieux choisira de sortir. En capital-risque, les choses sont moins évidentes, sachant que le marché des IPO est quasiment fermé. « Nous nous ménageons des sorties vers des acteurs stratégiques avant la phase de commercialisation des solutions de nos participations en ayant des discussions avec eux en amont de nos investissements afin de bien connaître leurs besoins », assure Valérie Calenda.