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Image générée par l’IA

Il y a quelque chose de l’ordre du cocktail explosif dans la conjonction du dérèglement climatique, avec son cortège de catastrophes naturelles dont la paternité lui est bien souvent attribuée, et de l’urbanisation croissante de la planète. Lorsqu’une inondation, un tremblement de terre ou encore un incendie surviennent dans les zones les plus densément peuplées de la planète, les images de destructions et les bilans des victimes potentielles impressionnent tandis que la facture des dégâts explose. « En 2024, le coût économique des catastrophes naturelles est estimé dans le monde à 310 milliards de dollars (+19 milliards de dollars par rapport à 2023), pour un coût assurantiel de 135 milliards de dollars. La hausse des coûts des sinistres (+20 milliards de dollars sur un an et +37 milliards de dollars par rapport à la moyenne sur dix ans) provient en majeure partie de la localisation de ces sinistres dans des zones à forte densité urbaine », souligne ainsi France Assureurs (ex-Fédération française de l’assurance) dans sa « cartographie prospective 2025 de l’assurance » dévoilée au début de février.

Atténuer et adapter

Au vu des projections, la corrélation entre ces deux mégatendances ne devrait pas s’atténuer de sitôt : d’un côté, tout porte à croire que l’objectif des Accords de Paris de limiter le réchauffement de la planète va être sinon impossible du moins très compliqué à atteindre dans l’état actuel des émissions de gaz à effet de serre ; de l’autre côté, toutes les études internationales vont dans le sens d’une augmentation de la part de la population vivant dans les villes au cours des prochaines années. Dans le même temps, il apparaît évident que ces espaces urbains, parce qu’ils attirent l’essentiel des activités humaines, sont des foyers majeurs d’émissions de gaz à effet de serre. La forte densité de population dans ces zones a pour conséquences des besoins exponentiels en énergie, en infrastructures essentielles, en capacités de mobilité… et donc aussi une augmentation des émissions qu’il reste indispensable de réduire.

Sur la base de ce double constat, comme les deux faces d’une même médaille, un nouvel angle d’attaque des sujets liés au climat et à l’urbanisation tend à émerger : il ne s’agit plus seulement d’œuvrer à la lutte contre le réchauffement climatique, comme si cela revenait à remplir d’eau un tonneau percé, mais aussi de faire en sorte de limiter ses impacts sur la population et d’adapter les espaces habités, principalement urbains donc, à ses conséquences. « Les municipalités prennent de plus en plus conscience de la nécessité de travailler à l’adaptation de leur territoire au changement climatique afin d’en soutenir la durabilité. Cette approche écologique du sujet peut être étendue au thème plus large de l’habitabilité des villes : les électeurs demandent des espaces plus agréables à vivre, plus fonctionnels… dans un contexte budgétaire qui reste compliqué pour les collectivités. C’est ainsi que nous voyons arriver de plus en plus de solutions mêlant durabilité et technologie, mâtinées d’intelligence artificielle », abonde Antoine Troesch, managing partner chez Demeter. Cette société de gestion s’implique évidemment depuis longtemps sur ces sujets en tant que spécialiste reconnu de la cleantech. Pour son nouveau fonds d’amorçage actuellement en levée avec un objectif compris entre 100 et 150 millions d’euros, elle a précisément décidé de focaliser sa thèse sur l’adaptation et l’atténuation du changement climatique : ce véhicule a pour nom IAM pour Innovation for adaptation and mitigation.

Autre pionnier sur ce segment de la cleantech/climate tech, Starquest a récemment complété sa palette de stratégies dans ce sens en remportant un appel d’offres lancé par la Caisse centrale de réassurance (CCR)pour la gestion d’un fonds visant précisément à financer des solutions permettant d’anticiper et de mesurer les impacts des catastrophes naturelles. Celle-ci a amorcé le fonds avec un premier ticket de 50 millions d’euros et prévoit d’y engager au total 100 millions à déployer en cinq ans. « Dans le cadre du fonds CCR, nous étudions plusieurs dossiers comme des systèmes de modélisation des écoulements ou de l’impact de crues, des solutions permettant d’anticiper la formation d’îlots de chaleur, des dispositifs de batardeaux… Nous voyons passer des choses très simples et d’autres beaucoup plus complexes et embarquant beaucoup de technologie », complète Arnaud Delattre, président de Starquest.

« Le lancement de notre stratégie Construction Énergie Plus (CEP) est né du constat que nous financions la production d’énergie renouvelable avec nos fonds Capenergie et qu’il y aurait une certaine pertinence à s’intéresser à l’aval, c’est-à-dire à la consommation qui est faite de ces électrons verts », Serge Savasta, Omnes

Améliorer l’efficacité énergétique

Pour les investisseurs, ce dyptique atténuation/adaptation présente deux avantages majeurs : d’abord, il peut donner lieu à des transactions abordables par différentes stratégies, du venture au LBO en passant par l’infrastructure ; ensuite, il est déclinable dans tous les usages de la ville. Le premier d’entre eux est bien sûr le fait d’habiter et de travailler dans un espace donné, en l’occurrence urbain. À l’aune de cette activité, le bâtiment se trouve au carrefour des considérations liées au dérèglement climatique et de la ville en tant que lieu d’habitation pour une grande majorité de la population mondiale. Faisant partie des principaux foyers d’émission de gaz à effet de serre, il a aussi maille à partir avec les sujets d’adaptation au changement climatique au sens où des bâtiments bien isolés et bien équipés sont plus confortables pour leurs habitants dans un contexte de réchauffement global de l’environnement. « En 2015-2016, le lancement de notre stratégie Construction Énergie Plus (CEP) est né du constat que nous financions la production d’énergie renouvelable avec nos fonds Capenergie et qu’il y aurait une certaine pertinence à s’intéresser à l’aval, c’est-à-dire à la consommation qui est faite de ces électrons verts. Cela passe par une réflexion sur la décarbonation de la mobilité, l’électrification de l’industrie et l’efficacité énergétique des bâtiments. Nous avons choisi de nous focaliser sur ce dernier sujet et, plus particulièrement, sur la thématique de la rénovation urbaine », raconte Serge Savasta, président d’Omnes. C’est ainsi que le premier fonds CEP a vu le jour avec 120 millions d’euros, aujourd’hui intégralement déployés, et que son successeur a été lancé au début de 2023 avec une taille cible de 200 millions. Selon nos informations, l’annonce de son closing final est imminente, sachant qu’il a déjà mené à bien sept opérations. Avec ses fonds CEP, Omnes est par exemple devenu actionnaire de deux promoteurs immobiliers B-Corp, qui s’engagent sur les vertus énergétiques de leurs projets, et finance en direct des productions immobilières responsables.

« Dans un fonds comme Paris Fonds vert, que nous avons lancé en 2018, l’un des sujets les plus porteur en termes de deal flow et à l’origine de nos plus beaux deals est celui de la réhabilitation énergétique des bâtiments, soutenue par la hausse du prix de l’énergie et la lutte contre les passoires thermiques. De façon générale, les professionnels du BTP sont sous une forte pression réglementaire pour être plus durables, par exemple en mettant en place des dispositifs de tri de leurs déchets de chantiers », témoigne de son côté Antoine Troesch, managing partner chez Demeter. Doté de 160 millions d’euros lors de son closing final annoncé au printemps 2020, dont 15 millions par la Mairie de Paris, Paris Fonds vert investit dans des PME pouvant œuvrer à la transition écologique dans les grandes villes et notamment la capitale. Entièrement déployé, il compte une douzaine de participations et a déjà enregistré trois sorties.

S’intéresser à la consommation de l’énergie, afin d’en atténuer l’impact sur l’environnement et de rendre les bâtiments plus confortables et habitables, a aussi du sens pour les investisseurs en capital-risque et sensibles à l’innovation. « Nous observons l’émergence de modèles extrêmement compétitifs dans des secteurs clés comme l’énergie, la mobilité et la construction, qui permettent la transition vers la neutralité carbone d’ici à 2050. Il n’est aujourd’hui plus nécessaire de choisir entre compétitivité et durabilité. L’innovation matérielle joue un rôle central, notamment dans la production et le stockage d’énergies propres, mais ces systèmes sont maintenant matures et l’innovation des modèles d’affaires repose en grande partie sur l’utilisation des solutions digitales, comme l’intelligence artificielle appliquée et l’Internet des objets. Elles permettent une gestion plus efficace de la production et de la consommation d’énergie. En particulier, l’IA permet de prévoir et valoriser des volumes massifs de données en temps réel, rendant les énergies renouvelables compétitives en dépit de leur intermittence », assure Matthieu Bonamy, associé chargé de la stratégie Smart city d’Eurazeo dont il déploie le deuxième vintage, doté de 400 millions d’euros. Son dernier investissement en date, réalisé avec Bpifrance, a été dévoilé le 10 mars dernier : il porte sur Ambos Energy, développeur de plateformes de stockage d’électricité dites BESS (battery energy storage system), stand-alone et de grande puissance (supérieurs à 100 MW). Sa levée de 10 millions d’euros vise à en faire un « fournisseur indépendant de flexibilité » intégré et actif à l’échelle européenne.

« Les municipalités prennent de plus en plus conscience de la nécessité de travailler à l’adaptation de leur territoire au changement climatique afin d’en soutenir la durabilité. Cette approche écologique du sujet peut être élargie au thème plus large de l’habitabilité des villes », Antoine Troesch, Demeter

Capturer le carbone

« Pour ces entreprises, le véritable enjeu est de démontrer la compétitivité de leur innovation dans le monde physique, au-delà d’un simple argument d’impact. Seules celles qui rivalisent avec les solutions existantes en termes de performance et de coûts pourront s’imposer à grande échelle et à l’international, complète l’investisseur. Dans les matériaux de construction durables, par exemple, un ciment bas carbone doit offrir les mêmes propriétés mécaniques que le ciment traditionnel tout en restant compétitif sur le prix. » Outre le travail sur le bâtiment au sens large, une autre façon d’améliorer l’habitabilité des villes est d’y favoriser la création et l’entretien d’espaces verts. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si plusieurs opérations de capital-développement ou de LBO ont eu lieu ces dernières années dans ce domaine, permettant aux fonds concernés de cocher une case dans leur rapport ESG tout en se positionnant sur un marché promis à un bel avenir. « Les espaces verts permettent d’optimiser la capture de CO2 et de maintenir la biodiversité dans les villes, ce qui est clé pour en diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Leur présence réduit les îlots de chaleur urbains et la température, ce qui a pour effet de diminuer la demande énergétique pour rafraîchir la ville et les logements », explique Gwenaëlle Le Ho Daguzan, associée responsable du bureau français d’Ambienta, GP italien spécialisé sur la thématique environnementale et actionnaire de Cap Vert. Il y a quelques mois, c’est le fonds à impact de Weinberg Capital Partners qui a pris une participation au capital de l’aménageur d’espaces verts Marcel Villette, tandis que MBO+ a animé la chronique financière en transférant sa participation Osmaïa (ex-Pinson Paysages) dans un fonds de continuation (lire aussi Classements page 24).

« La gestion des réseaux d’eau, et notamment la lutte contre les fuites, est un autre enjeu lorsque l’on parle de ville durable : ils sont souvent mal entretenus et l’eau qui y passe n’arrive donc pas toujours à bon port, c’est-à-dire chez l’habitant, alors que son traitement implique une dépense en énergie », reprend Gwenaëlle Le Ho Daguzan. Dans ce domaine, le dossier Claire a donné lieu l’année dernière à des enchères disputées finalement remportées par Crédit Mutuel Equity. Le cédant, Gimv, a d’ailleurs fait des smart cities le thème de l’une de ses quatre plateformes thématiques. Si le seul fait d’habiter dans un lieu entraîne des besoins en énergie, le fait d’y travailler ne fait que les augmenter davantage. « Le sujet de la performance énergétique que nous couvrons avec nos fonds CEP nous amène certes à nous intéresser à l’enveloppe des bâtiments, qui représente le cœur de leur thèse, mais aussi à leur usage. Par exemple, lorsque l’on voit les conséquences du développement de l’intelligence artificielle en termes d’emprise au sol, de besoins énergétiques et de bilan carbone des data centers, généralement situés en périphérie des villes, il nous a semblé important de nous y intéresser. C’est pourquoi nous sommes par exemple devenus actionnaire d’Eclairion, qui s’engage sur la durabilité de son centre de calcul et son respect de l’environnement, et nous allons probablement réaliser l’essentiel des derniers investissements de notre fonds CEP 2 dans ce secteur », explique Serge Savasta, chez Omnes.

« La gestion des réseaux d’eau, et notamment la lutte contre les fuites, est un autre enjeu lorsque l’on parle de ville durable : ils sont souvent mal entretenus et l’eau qui y passe n’arrive donc pas toujours à bon port, c’est-à-dire chez l’habitant, alors que son traitement implique une dépense en énergie », Gwenaëlle Le Ho Daguzan, Ambienta

Optimiser l’offre de mobilité

Avoir à sa disposition une connexion internet de qualité s’impose pour quiconque prétend développer une activité professionnelle ou économique dans un lieu donné (lire aussi encadré page 22), mais assurer ce service essentiel doit aussi se faire dans une optique de limitation de l’impact de ces technologies sur l’environnement et le réchauffement de la planète. Cela alimente l’intérêt des investisseurs pour les solutions de « data centers verts » comme celle de Qarnot Computing, dont Demeter, Société Générale Ventures, Ademe Investissement et quelques autres sont actionnaires, qui dote ses appareils d’un système de récupération de leur chaleur fatale. « Sur ces sujets de durabilité, qui concernent à la fois le bâtiment, l’énergie ou la mobilité, une sorte de sélection naturelle est en train de s’opérer avec pour critère principal la valeur ajoutée économique qu’elles procurent. Les clients finaux, qu’il s’agisse de particuliers ou de collectivités, y sont de plus en plus attentifs, avertit Antoine Troesch, managing part­ner de Demeter. Dans le secteur de la mobilité par exemple, il y a de la place pour des modes de déplacement doux comme les trottinettes et les vélos électriques, mais à condition que le prix soit abordable et que leur utilisation soit facilitée. »

De fait, la question de la mobilité et des transports est évidemment cruciale lorsque l’on évoque la vie et les usages urbains. Là encore, atténuer leur impact sur l’environnement est une nécessité, tandis que leur présence ou leur absence dans un lieu a évidemment une conséquence sur son attractivité et son habitabilité. « L’un des enjeux majeurs de la ville durable de demain est l’acheminement des marchandises au cœur des villes, tout en limitant son impact en termes de pollution, d’engorgement des voies de circulation, d’inconfort pour les piétons et les cyclistes… Cela nous conduit à investir dans des projets de logistique urbaine engagée en matière de transition écologique comme Sogaris, en France, qui crée des plateformes logistiques aux abords de l’Île-de-France adaptées aux exigences de la ville et de ses usagers, et Cargo sous terrain, en Suisse, pour relier Genève à Zurich en faisant rouler des véhicules logistiques automatiques sous la terre », illustre de son côté un porte-parole de Meridiam, rappelant que « délivrer des infrastructures résilientes et développer des villes durables » fait partie des cinq piliers de la stratégie du GP au titre de son statut de société à mission et en ligne avec les ODD de l’ONU. Depuis 2022, il gère d’ailleurs le fonds Turf, pour The Urban Resilience Fund, sponsorisé par le fonds d’équipement des Nations unies (UNCDF) et la fondation Rockefeller. Une manière pour les fonds d’investir le sujet de la mobilité, principalement en zones densément peuplées, est sans surprise celui de son électrification. Beaucoup d’opérations, menées par des VCs, des fonds d’infrastructures ou des acteurs du capital-­développement, signe de la maturité variable de la filière, ont eu lieu ces dernières années dans les bornes de recharge.

« Dans le cadre du fonds CCR, nous étudions plusieurs dossiers comme des systèmes de modélisation des écoulements ou de l’impact de crues, des solutions permettant d’anticiper la formation d’îlots de chaleur, des dispositifs de batardeaux », Arnaud Delattre, Starquest

Construire la ville sur la ville

Au-delà de ces deux usages phares de la ville résumés par « y vivre et s’y déplacer », d’autres thèmes suscitent l’attention des investisseurs financiers. « L’un des sujets à traiter lorsque l’on parle de ville durable et d’adaptation au changement climatique est celui de l’étalement urbain et de l’artificialisation des sols. L’une des solutions est donc de reconstruire la ville sur la ville en valorisant notamment les friches industrielles pour en faire des espaces résidentiels, explique Serge Savasta, président d’Omnes. C’est le cœur de la thèse de Geophoros, dont CEP 1 est actionnaire aux côtés de Bouygues Immobilier. Il déploie environ 100 millions d’euros sur des projets de ce type ; une dizaine ont été menés à bien en France, souvent en cœur de métropoles. »

« Parmi les sujets émergents que nous voyons dans notre deal flow figure celui de l’utilisation des friches urbaines pour y installer des infrastructures servant à la ville, confirme Arnaud Delattre, chez Starquest. Nous avons également en portefeuille la société Tryon, qui installe en abord ou dans le centre des villes des micro-méthaniseurs alimentés par les invendus des hypermarchés ou des cantines afin d’y produire de la chaleur. Nous nous intéressons aussi aux dossiers de fermes urbaines hors sol, qui ont le mérite de pouvoir être installées dans des endroits disponibles, mais difficiles à exploiter pour d’autres usages, pour fournir les magasins d’alimentation et les professionnels des CHR en circuit court. » La réinvention de la ville à l’aune du réchauffement climatique et de l’évolution des usages a encore de beaux jours devant elle. 

« Pour ces entreprises, le véritable enjeu est de démontrer la compétitivité de leur innovation dans le monde physique, au-delà d’un simple argument d’impact. Seules celles qui rivalisent avec les solutions existantes en termes de performance et de coûts pourront s’imposer à grande échelle et à l’international », Matthieu Bonamy, Eurazeo

« Il y a des milliers d’endroits où il est possible de créer des lieux de vie dynamiques »

Ronan le Moal
Ronan le Moal

Ronan Le Moal, associé fondateur d’Épopée Gestion, espère atteindre le milliard d’euros d’actifs sous gestion d’ici à la fin de cette année. De 700 millions aujourd’hui, ses encours devraient bénéficier de la poursuite de la levée de son premier fonds d’infrastructures, d’une taille cible de 300 millions d’euros dont environ la moitié a déjà été sécurisée, de celle de son fonds immobilier centré sur l’hôtellerie, et du développement de club deals en immobilier et en capital-développement. Si tout se déroule comme prévu, cinq ans auront suffi pour constituer une plateforme de taille significative et portant quatre stratégies – venture, capital-développement/LBO, infrastructures, immobilier – sur une thèse d’habitabilité et de durabilité des espaces de vie non seulement environnementales, mais aussi sociales. « Notre conviction est qu’un écosystème habitable ne peut exister durablement que s’il accueille des agents économiques, que si des gens y vivent, que s’il attire des commerces de proximité. Tout est lié, bien évidemment, et c’est bien cette vision holistique que nous essayons de promouvoir avec Épopée Gestion, rappelle l’ancien directeur général du groupe Arkéa. Nous avons poussé cette vision jusqu’à lancer en 2023 notre fonds de dotation Épopée Villae pour financer des tiers lieux et des commerces de proximité dans des villes ou villages. Nous y allouons 20 % de notre résultat net chaque année, soit environ 200 000 euros. Tout cela répond à des enjeux sociétaux et écologiques, car nous faisons la promotion des circuits courts. »

Attirer les capitaux

Aujourd’hui centrée sur la façade atlantique, la stratégie d’Épopée Gestion a vocation à essaimer dans d’autres régions de France. Des contacts ont pu avoir lieu par le passé entre ses dirigeants et des investisseurs situés ailleurs en France dans l’optique d’une collaboration, mais aucun n’a été totalement concluant à ce stade. « Nous voyons bien que des thématiques comme le retour à la terre, l’ancrage dans les territoires sont dans l’air du temps. Cependant, elles sont souvent appréhendées avec une vision complexe et administrative, en partant du principe qu’il y a un point central vers lequel tout doit converger au risque de créer des déséquilibres ailleurs. Nous défendons une autre position, qui valorise le micro-local et part du principe qu’il y a des milliers d’endroits où il est possible de créer des lieux de vie dynamiques, poursuit Ronan Le Moal. D’ailleurs, près de cinq ans après notre lancement, nous constatons que la dynamique vertueuse se met en place. Nous sommes devenus un pivot de l’écosystème entrepreneurial de l’arc atlantique en attirant des capitaux vers ces régions et en construisant un deal flow avec des entreprises sous le radar des grands acteurs de l’investissement. Cela mobilise les grandes familles locales, nous fédérons un écosystème autour d’événements… »

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