
Thomas Liaudet, responsable Monde de l’activité de GP Capital Advisory chez Campbell Lutyens
Thomas Liaudet est partner et responsable Monde de l’activité de GP Capital Advisory chez Campbell Lutyens. Il revient pour
Private Equity Magazine sur les grandes mutations qui ont touché les marchés privés internationaux au cours des 20 dernières années. Interview.
Private Equity Magazine : Selon vous, quelle est l’évolution la plus marquante des 20 dernières années dans le monde des actifs privés à l’échelle internationale ?
Thomas Liaudet : À mon sens, le développement clé est celui du marché secondaire. Il y a 20 ans, le mot et les processus d’investissement qu’il recouvre étaient peu connus et avaient même une connotation assez négative. Ils étaient vus comme un moyen pour les GPs de se séparer à bon prix d’actifs de mauvaise qualité. Aujourd’hui, c’est exactement l’inverse et cet outil est vu comme une source de liquidité très prisée à la fois des LPs et des équipes d’investissement. D’ailleurs, de nouveaux gérants spécialisés continuent d’émerger sur ce segment, comme Clipway (lancé en 2023 par Vincent Gombault et Ingmar Vallano, deux anciens d’Ardian, NDLR).
PEM : Comment s’est déployée cette stratégie à travers la planète ?
T.L. : Dès le départ, ce segment a été assez global, puisque les pionniers se trouvent dès la fin des années 1990 et le début des années 2000 aux États-Unis, avec VCFA Group ou HarbourVest, mais aussi en Europe, et notamment en France avec l’initiative des frère Isnard, à l’origine d’Arcis, qui ont un temps exploré une collaboration avec le britannique Coller Capital. Un acteur comme Axa Private Equity (devenu Ardian) a également pris place relativement tôt sur ce marché. Rapidement, l’essentiel des volumes est tout de même venu des États-Unis. Aujourd’hui, la dynamique est encore très forte sur ce marché avec le développement de stratégies connexes comme l’infrastructure ou la dette secondaire.
PEM : En tant qu’agent de placement, comment avez-vous vu évoluer l’activité de levée de fonds au cours des deux dernières décennies ?
T.L. : À l’origine, elle était relativement limitée et circonscrite aux marchés domestiques des différents GPs. Ceux-ci se sont progressivement diversifiés, tandis que les LPs, notamment institutionnels, cherchaient à se constituer des portefeuilles de plus en plus globaux. Ces 20 dernières années ont aussi été marquées par différents cycles : par exemple, le Covid a eu pour effet de recentrer le fundraising sur les marchés locaux. Enfin, les LPs sont devenus de plus en plus sophistiqués et exigeants, et les GPs ont travaillé sur la personnalisation de leur offre avec l’essor de choses sur mesure, comme les separated managed accounts (SMA).