Le représentant d’un groupe mutualiste français investi en private equity confirme qu’il compte bien garder le rythme qu’il s’était fixé pour ses allocations. Etudiant actuellement trois fonds – deux VCs et un fonds en santé – il poursuit ses analyses et adresse un satisfecit aux GPs pour leur communication. Roger Caniard, directeur financier de la MACSF, ajoute : « Il faudra sans doute attendre le 30 juin pour avoir une idée précise de l’impact de la crise sur les valorisations mais il est évident qu’il va y avoir des dégâts. Je m’interroge également sur la chance que nous avons de toucher réellement l’argent de toutes nos récentes cessions lorsque le closing est encore à venir. » Jean-Marie Paluel-Marmont, président de l’association française des family offices (AFFO), note pour sa part que « la mentalité des GPs est extrêmement positive et rassurante : ils sont décidés, et se préparent, à aider leur participation dans tous les domaines. Leur réactivité augure d’une volonté collective de soutenir les entreprises.»
Sélectivité
Les turbulences pourraient au final se traduire par une nouvelle sélectivité de la part des LPs. « Des fonds qui ont commencé à investir et poursuivent leurs levées pourraient avoir plus de difficultés dans le contexte actuel. Nous allons sans doute assister à des arbitrages sectoriels plus clairs », note William Barrett. Son associé Jean-Philippe Boige identifie de son côté certains segments qui pourraient connaître quelques mois délicats : « Sur le secondaire, notamment, il faudra attendre six à neuf mois pour revoir des appels et distributions de fonds, le temps que les NAV reflètent la réalité et que les intervenant puissent pricer les actifs. Dans ce délai, nous n’anticipons par ailleurs pas de vague de GP-led car les sponsors ayant encore beaucoup de dry powder, ils devront soutenir leurs lignes. Quant à la dette privée, qui en Europe n’existait pas en 2008, les acteurs vivent leur premier stress test et vont devoir montrer leurs atouts auprès de leurs LPs, notamment en regard de l’interventionnisme économique bancaire actuel. » Pour Jean-Christel Trabarel, chez Jasmin Capital, « les first time funds pourraient avoir du mal à lever et nous allons sans doute constater que les LPs privilégient les re-ups. En effet, avec la chute de la Bourse, certains institutionnels se retrouvent avec une exposition saturée en private equity. Le temps que les comités valident la hausse de leur pourcentage d’emprise, ils iront plus volontiers vers des fonds qu’ils connaissent. »
Enfin, Roger Caniard, à la MACSF, a déjà fait sa grille de sélection. « Je regarde comment les fonds se comportent en ce moment en termes de transparence et de respect des engagements. Je n’apprécie pas vraiment les équipes qui accélèrent soudain les appels de fonds sous prétexte qu’ils ont remboursé par anticipation les bridges mis en place au closing d’un deal. » A bon entendeur…